Une enfance

Derrière la fenêtre (Acrylique)



       Avec mes frères et sœur nous prenions le chemin sinueux qui menait à l’école… À cette époque nous étions en primaire et profitions de cette promenade avec plaisir, tout au moins en dehors des jours de grand froid!

 

         Malgré les 2 kms que nous faisions allègrement, nous étions heureux à l’idée de retrouver nos amis… La petite enfance est une période qui ne s’efface pas de la mémoire, une période privilégiée dans laquelle l’innocence et l’insouciance sont reines…

 

         Et pourtant, je me souviens de ces jeudis où il n’y avait pas école… Selon la saison, nous allions ramasser les châtaignes ou les noix pour l’hiver sous de grands arbres centenaires. Au printemps nous prenions notre matériel de pêche (une simple ligne avec un hameçon) pour aller surprendre carpes et poissons-chat dans la rivière qui paressait sous les saules et les bouleaux. Nous savions même les préparer pour la friture du soir et les savourions longuement en faisant attention aux arêtes… Attentive Rita, notre petite chienne, attendait sa part réfugiée au coin de la cheminée.

 

         La maison était longée par un jardin que nous avions à cœur d’entretenir: nous savions tous semer, sarcler, planter, arroser, buter, éclaircir, rien n’était secret pour nous et, quand arrivait la récolte, c’est avec enthousiasme et fierté que nous remplissions les paniers d’osier de légumes et de fruits mûrs… Notre mère en faisait de savoureuses préparations appelées à rassasier nos appétits insatiables d’enfants…

 

         C’était un autre temps… Un temps durant lesquels les jeux ne venaient qu’après le travail!… Impossible d’oublier ce trajet effectué par tous les temps pour aller acheter le pain (avec la pesée), jusqu’au bourg où se situait la boulangerie, le lait et le beurre dans la ferme la plus proche… Impossible d’oublier le ramassage des pommes tombées pour les tartes, les bouquets d’épis de blé(après le passage de la batteuse) pour nourrir nos poules, l’écrémage du lait pour la fabrication des biscuits et même l’apprentissage du tricot (surtout le point mousse) pour fabriquer nos longues écharpes bariolées avec de la laine détricotée…

 

          Nous savions tout faire mais, lorsque après le certificat d’études, nous partions pour la ville continuer nos études, nous étions étonnés, désemparés, souvent affolés par le contraste que nous apportait la vie citadine…

 

         Aujourd’hui les champs labourés et fertiles sont devenus des prairies, les pommiers ont séché, les cerisiers n’attirent plus que les moineaux… Seuls les noyers et les châtaigniers continuent de faire la joie des cueilleurs du dimanche et la maison est vendue.

 

         Mon enfance n’a plus que les repères de mon cœur… Une autre vie s’est imposée, différente, avec ses richesses et ses malheurs, ses surprises et son évolution que rien ne peut endiguer… tout ce qui bâtit à son tour l’enfance de mes enfants!



 

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