Matin d'Hiver ...






C’est une nuit sans étoiles, une nuit éclairée uniquement par un croissant de lune jouant à cache-cache derrière les nuages ! Il est 6 heures et la température doit frôler les 0°

Depuis 20 minutes, dans cette demi-pénombre, je marche vers le village en essayant d’éviter les plaques verglacées sur le chemin durci, courbée sous le poids de mon sac-à-dos ! Heureusement je connais le trajet par cœur depuis la gare … Ah,  voilà la dernière montée et les premiers réverbères jetant leur clarté blafarde sur l’entrée du bourg silencieux !



Comme tout est calme … Même les oiseaux sont encore endormis ! Enfin, j’aperçois la grange du père François ainsi que le pâté de maisons aux volets clos entourant la fontaine muette  durant tout  l’hiver ! Seul le bruit de mes chaussures résonne dans cette paix matinale ouatée !



Soudain un coq chante relayé par l’aboiement d’un chien ; sans réfléchir je me redresse, mon pas s’active, mes narines frémissent, mon regard noyé s’arrondit, j’oublie la fatigue et les doigts gelés, la nuit inquiétante et même la raison de ma présence ici … Est-ce grâce au retour à la vie de ce petit village ? Est-ce parce que l’horizon s’éclaircit peu à peu ? Parce qu’une porte claque libérant un chat frileux et miaulant ?  Parce que les premières ombres furtives et encapuchonnées s’avancent à pas pressés vers une vitrine éclairée derrière des vitres embuées ?... Non, pas seulement ! 

Avant d’apercevoir la lumière, j’ai reconnu avec gourmandise  des effluves alléchantes qui m’ont enveloppée et  fait saliver … d’ailleurs, je ne suis plus seule, une voix m’interpelle :

-        « Alors, Magali, de retour pour les vacances ? Ta sœur va être ravie de te garder quelques jours, tu arrives juste pour le café ! »

 J’essaie un sourire transi :

-         «  Bonjour, Jean, quelle joie d’être là …  et avec le café les brioches toutes chaudes… n’est-ce pas Marie, dis-je en poussant la porte carillonnante de la petite boulangerie, leur odeur parfume toute la rue ! »

Deux bras affectueux me pressent, un baiser claque sur mes joues rosies par le froid… Marie fait glisser à terre le sac-à-dos  alors qu’avec   un soupir d’aise, je me laisse tomber sur la première chaise à ma portée, les doigts enserrant déjà un large bol en faïence fleurie empli de café brûlant :

-« Avec beaucoup de brioches, s’il te plaît »  dis-je en riant !

Les yeux de Marie pétillent, son sourire est si tendre :

-« Nous t’attendions », me dit-elle simplement.

                                                                                                 

Commentaires

Articles les plus consultés